Le plan d’Éric Zemmour pour sauver la France de l’extinction
Jusqu’à récemment, la France semblait sur le point de disparaître :la trahison australo-américaine dans l’affaire des sous-marins étant le coup de grâce, l’humiliation ultime pour ce que tous les pays du monde considérait comme une grande nation.
Il y a quelques semaines, un nouveau sondage a révélé qu’Eric Zemmour dépassait Marine Le Pen à l’élection présidentielle de l’année prochaine. Dans l’état actuel des choses, c’est Zemmour, et non Le Pen, qui accéderait au second tour décisif de l’élection, face au président sortant, Emmanuel Macron.
Eric Zemmour un polémiste qui il s’avère sait parler aux Français
Les résultats ont provoqué une onde de choc dans le paysage politique français et ont placé Zemmour à la une des principaux organes de pressefrançais. Après tout, Zemmour vient à peine de déclarer sa candidature à l’élection présidentielle.
La chose est d’autant plus remarquable, et non dénuée d’ironie, qu’Eric Zemmour se trouve être juif (et pratiquant, du moins jusqu’au décès de son père en 2013) et issu d’une famille franco-algérienne qui a quitté l’Algérie pendant la lutte pour l’indépendance du pays. Zemmour lui-même définit son origine ethnique comme étant berbère. Un cas curieux, en effet : puisqu’il fait partie de ceux que certains français qualifient de “métèque” (terme péjoratif pour désigner les résidents étrangers) – le cauchemar de tout nationaliste français traditionnel d’extrême droite, comme l’a récemment souligné le magazine de gauche Marianne.
Eric Zemmour est la réponse française à Donald Trump, si ce n’est son avatar français. Comme Trump, il n’a pas de filtres, mais contrairement à Trump, il est très intelligent, érudit, raffiné, articulé et vif d’esprit. Auteur prolifique d’éditoriaux, de commentaires et de livres à succès, personnalité télévisuelle de premier plan et célébrité, Zemmour figure parmi les provocateurs les plus notoires de France, une “machine à polémiques”, comme le qualifie nombre de journaliste, en bref un homme qui agace, exaspère, irrite et polarise.
Depuis des années, Zemmour se contente de jouer le rôle de l’intellectuel public de droite, un Cassandre masculin des temps modernes, déplorant inlassablement le déclin apparemment inexorable de la France et fustigeant l’ensemble de l’establishment politique français pour son incapacité à l’arrêter et à l’inverser.
Eric Zemmour: un auteur de best sellers
Le titre de son dernier best-seller de 2014, “Le suicide français”, disait tout. Il s’agissait d’une analyse de la manière dont les élites françaises – politiques, économiques, administratives et surtout intellectuelles, les “héritiers de Mai 68” – ont systématiquement “défait la France.”
Le résultat est une argumentation qui rappelle l’ambiance qui avait envahi l’Allemagne à la fin du 19e et au début du 20e siècle. Dans le passé, note Zemmour, la France avait “imposé” ses idées, sa vision du monde, “même ses caprices” à “un univers emporté par toutes ces merveilles.” Aujourd’hui, au contraire, la France est “obligée d’avaler des valeurs et des mœurs qui sont à l’opposé de ce qu’elle a construit pendant des siècles.”
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Dans le même temps, l’élite politique et économique française a, dans une large mesure, renoncé et abandonné la souveraineté et l’indépendance nationale du pays au nom du projet européen et de la mondialisation, le tout sous le regard approbateur des médias qui ont loué avec enthousiasme “ce grand renoncement.”
A première vue, on pourrait croire qu’il ne s’agit là que d’un scepticisme typique cher à la droite radicale contemporaine. En réalité, que non seulement la civilisation française, mais aussi la civilisation occidentale en général, a fait son temps, qu’elle a été victime de la fatigue et de l’épuisement.
La déchristianisation et la suspicion généralisée à l’égard de la notion de progrès ont creusé les fondations sur lesquelles elle reposait. Ce faisant, elle a perdu son bouclier spirituel et s’est rendue vulnérable à l’afflux d’idées et de valeurs étrangères.
Le combat de Zemmour contre l’islamisation de la France
Comme tant d’autres populistes de droite en Europe ces jours-ci, Zemmour reste très préoccupé par la montée de l’islamisme en France, et ce pour plus d’une seule raison.
L’autre grande obsession de Zemmour est étroitement liée à sa position anti-islamique : le spectre du “grand remplacement”. Il s’agit d’une théorie du complot qui existe depuis longtemps. Elle a gagné une nouvelle traction avec le livre de Renaud Camus de 2011 (qui en est à sa troisième édition). Mais c’est Zemmour qui l’a popularisée en France, avec un grand succès.
En 2018, un répondant sur quatre à un sondage représentatif souscrivait à la “théorie” du grand remplacement. L’idée ici est, en résumé, que la combinaison d’une immigration massive et d’une forte natalité des non-Européens va submerger la population européenne “originelle” et la remplacer ainsi que sa culture, ses valeurs et ses traditions, et tout cela au su, avec la complicité et le soutien des élites cosmopolites européennes qui n’ont que mépris pour l’identité nationale et leur propre culture.
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Zemmour un sauveur réticent pour la nation française?
Il y a quelques semaines, le nouveau livre de Zemmour est sorti. Le titre se veut un avertissement : “La France n’a pas dit son dernier mot”, “La France n’a pas encore dit son dernier mot”. Comme prévu, c’est un best-seller – en première et deuxième place sur amazon.fr au moment où nous écrivons ces lignes – et, comme prévu, il est largement considéré comme un manifeste destiné à lancer sa campagne. Le message est clair. Il n’est pas encore trop tard pour agir. Mais nous devons agir, et vite. Car nous sommes confrontés à une situation de vie ou de mort : rester en France ou disparaître.
Pour gagner, insiste Zemmour, “il faut se battre sur tous les fronts”. Pour éloigner de nous “les envahisseurs” et “pour sauver notre identité et retrouver notre souveraineté.” C’est le seul moyen de mettre un terme aux “vagues migratoires” qui “depuis des décennies submergent notre territoire et notre peuple.” Sinon, la France est perdue, en proie à la colonisation inversée et au grand remplacement. Car, comme l’affirme Zemmour, “la démographie, c’est le destin”.
C’est là qu’intervient Zemmour, sauveur malgré lui, qui intervient parce que, comme il l’accuse, il n’y a personne, aucun parti politique capable “d’exprimer la juste colère et l’inquiétude du peuple français.” Zemmour se considère comme l’héritier d’une longue tradition de national-populisme, et notamment de l’un de ses plus éminents représentants, Maurice Barres, célèbre pour sa définition de l’identité et de l’appartenance comme “la terre et les morts”. À un moment donné dans son livre, Zemmour se caractérise comme un “Français de la terre et des morts” qui est passé d’Emile Zola à Barres.
D’un certain point de vue, cela a du sens. Après tout, Barres a été, à la fin du 19e siècle, l’un des premiers à s’inquiéter de l’inondation et de la submersion de la France par les travailleurs migrants – les premiers signes du grand remplacement. Ironiquement, Barres était aussi un antisémite notoire, qui a joué un rôle de premier plan pendant l’affaire Dreyfus, un moment décisif de l’histoire moderne de la France qui a laissé une marque permanente sur la république.
Un autre héritier notoire de cette tradition est, bien sûr, Jean-Marie Le Pen. Récemment, on a demandé à Le Pen père son opinion sur Eric Zemmour. La réponse de Le Pen fut aussi révélatrice que déconcertante : “La seule différence entre lui et moi, c’est qu’il est juif”. Honi soit qui mal y pense – mal à celui qui mal y pense, comme dit l’adage. Une chose est sûre, les prochains mois vont être mouvementés en France, et peut-être amusants – pour autant que vous ne soyez pas français.
Caroline, rédactrice en chef d’Actualité France.
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